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(Just one moment)

Hommage militant et récit d’un voyage pour soutenir la lutte des étudiants serbes

Le groupe libertaire René Lochu s’associe à la peine de deux de ses compagnon·ne·s qui viennent de perdre un fils. En son hommage, nous publions ce texte, écrit par l’un de ses frères, qui parle de lui et de leur voyage à la rencontre des étudiants serbes qui luttent depuis quelques temps contre le pouvoir et la corruption.

C’est également la perte d’un fils pour le groupe René Lochu et, plus généralement, pour l’anarchie dans son ensemble. Que ce texte puisse inspirer ses lectrices et ses lecteurs et qu’il permette d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice d’un anarchisme triomphant dans nos vies et dans nos cœurs.

Vive l’anarchie ! Vive la vie !

Belgrade Express

Un dernier road trip avec mon frère

Cette brochure raconte les quelques jours de voyage vers Belgrade, en stop et en bus, de deux frères militants partis rencontrer leurs camarades serbes qui se battent depuis des mois contre la corruption d’un régime autoritaire, à la suite d’un tragique accident ayant provoqué la mort de 15 personnes à Novi Sad le 1er novembre 2024. Depuis, un vent de protestation souffle dans les Balkans, réclamant la justice et de véritables sociétés démocratiques.

Les objectifs de ce road trip étaient modestes mais sincères : rencontrer un maximum de personnes sur notre route, partager notre soutien aux citoyens serbes, et s’inspirer de leurs modes d’action pour créer des ponts entre les luttes d’ici et là-bas.


Jour 1


9h30, mercredi. Jour de marché à Joyeuse en Ardèche.

Nos sacs sont prêts. On voyage léger : quelques fringues, des sacs de couchages et des hamacs, un bouquin chacun, un appareil photo argentique. Mon frère a son étiqueteuse manuelle, j’ai ma sacoche de tatoueur nomade, pour en proposer sur la route et faciliter le troc.

Pas de plans précis pour dormir. Juste une carte papier avec une vague idée de l’itinéraire, et des téléphones cleans (pas de réseaux sociaux, juste une conv’ Signal pour raconter nos aventures à nos proches avec quelques photos).

On quitte l’Ardèche en levant le pouce, le voyage commence. C’est la beauté du stop, on se laisse porter par les rencontres, c’est rapide et simple. Assez vite, on atteint la frontière. Un informaticien à la retraite nous dépose à Oulx, petit village perché dans les Alpes italiennes, vers 17h.

Et là les premières galères commencent. Dans certains pays, faire du stop peut se révéler compliqué. C’est le cas en Italie, et notre erreur a été de se faire déposer hors de l’autoroute. Même en restant sur la bonne bretelle pour Turin, rien à faire, aucune voiture ne s’arrête. La nuit tombe, on rentre dans le bourg pour manger un peu et trouver un endroit où pioncer.

Mon frère fait le tour des restaurants, c’est le pro du glanage (et de la chourre), il revient avec des parts de pizza, du riz chaud, des légumes et des gyozas. On se fait un repas de rois et ça réchauffe un peu.

Nos chances de se faire héberger s’amenuisent, on décide de « camper » au bord de la route derrière des arbres. Mon frère part fouiller les poubelles et revient avec deux énormes cartons tout propres. « C’est un super isolant, le carton ! » Il n’a pas tort, et on s’allonge à l’intérieur avec nos duvets. Il fait 2°C, et un petit vent frais m’empêche de dormir. Je garde un oeil ouvert sur nos affaires, et je profite de ma première nuit à la belle étoile depuis très longtemps.


Jour 2

On se lève aux aurores, mon frère découpe un bout de carton pour marquer nos destinations (Turino, Milano, Venize, Slovenia). On se repositionne le long d’une route, et pendant quatre heures, comme la veille, personne ne s’arrête. On a beau être deux mecs avec des looks un peu marginaux (mon frère avec sa barbe et ses habits de hobo, moi avec mon crâne rasé et mes tatouages apparents), on garde le smile et on fait de grands gestes amicaux pour capter la sympathie des conducteurs. La seule voiture qui s’arrête ce matin-là est celle de la police. Contrôle des passeports, tout a l’air en règle.

Il est midi, on est crevés, un train part d’Oulx jusqu’à Milan. C’est pas cher, et ça va nous dépanner. Mon frère continue le glanage autour de la gare, on doit laisser deux cagettes de légumes et de fromages sur le quai tellement y’en a. On se fait des sandwichs et on reprend des forces dans le train.

Arrivés à Milan, on part à pied vers l’autoroute, mon frère a trouvé une station-service pour se remettre au stop. Sauf que l’accès à l’autoroute est empêché par de grandes clôtures, les portails sont fermés et surveillés par des caméras. Pas de problème, mon frère a repéré sur la carte un sentier qui longe le grillage, et au bout de 200m il tire sur la clôture et se glisse dessous, en ayant jeté avant son sac par dessus. Je suis pas serein du tout, je préférerais revenir en ville et trouver un autre moyen plus safe de reprendre la route. Mais il est déjà parti en m’incitant à le suivre. On longe l’autoroute sur 400m, on escalade quelques rambardes, et on arrive directement sur l’aire d’autoroute en esquivant les caméras. Ouf.



L’objectif est de rester sur notre tracé en se faisant déposer aux aires d’autoroute. C’est plus simple pour parler directement avec les gens, et on commence à apprendre notre petite phrase d’accroche « Ciao, scusi, siamo due fratelli de Francia e viaggiamo in Serbia… ». Mon frère fait de grands gestes à chaque fois, en perdant ses mots, mixant l’anglais, l’espagnol et l’italien. J’en rigole beaucoup. Mais ça fonctionne, et les quelques Italiens qui nous prennent en stop nous redonnent un peu de baume au coeur. Le soir on se retrouve à proximité de Venise, on s’endort avachis sur une table à l’intérieur d’une station-service. Au moins il fait chaud et c’est pas trop bruyant…



Jour 3

Le stop reprend et un Anglais nous emmène jusqu’à Ljubljana en Slovénie. On papote beaucoup, surtout mon frère qui nous raconte quelques souvenirs de ses précédents déplacements en stop en Slovénie et Croatie, sa philosophie du voyage et des rencontres. Pour rigoler je sors « Me? I’m just travelling with my brother to make sure he’s okay !»

Les Slovènes et Croates sont adorables et faciles d’accès. On arrive à Zagreb le soir, déposé par Matjaz, un type tellement cool et touchant qu’en sortant de sa voiture je dis à mon frère « Obligé on va le recroiser un jour lui »

Un FlixBus fait Zagreb—Belgrade de nuit, super, on va pouvoir se reposer tout en économisant une nuit d’auberge… On prend le temps de flâner dans les rues, coller des stickers et des étiquettes à messages subversifs, boire une pinte de bière et manger un kebab (Ali Kebaba à la gare routière de Zagreb, 5 étoiles vraiment).

On est tellement excités d’arriver enfin qu’on en oublie de dormir, on se remémore des souvenirs d’enfance. Je l’aime mon frère, même s’il est un peu tête en l’air et qu’il a zappé que la Serbie est hors de l’UE. Heureusement qu’il a pensé à prendre son passeport…


Jour 4

Samedi 12 avril, 4h du matin. Ça y est, on est à Belgrade. Le timing est parfait car on a lu quelque part qu’une grosse manif était prévue ce jour-là. Mais on capte assez vite qu’on avait pas tous les détails : c’est un weekend de festivités organisé par le gouvernement, pour tenter de minimiser les précédentes mobilisations (quasiment 400 000 personnes dans les rues en mars) et créer l’illusion d’un soutien massif au président, Aleksandar Vučić.

C’est une ambiance étrange dans la capitale, d’immenses estrades sont installées dans les avenues, la sono crache des musiques mélanges de trad et vieille techno, les drapeaux sont de sortie, tous les fachos du pays font leurs défilés. Ils sont des milliers a venir des régions alentours, même du Kosovo, leurs trajets/repas/dodo sur place financés par le parti présidentiel. De la bonne propagande à l’ancienne.

On traverse rapidement le centre ville pour poser (enfin) nos sacs à l’auberge. On est accueillis par le gérant, Zach, un Américain d’une cinquantaine d’années, qui a l’air plutôt sympathique juste avant qu’il ouvre la bouche. Il est surexcité par le rally organisé ce weekend, nous invite à rejoindre les festivités « it’s gonna be amazing ». Le New-Yorkais est un turbo-conspi-facho, pro trump-poutine, et relaie toutes les intox de propagande gouvernementale. On se regarde en coin avec mon frère, et on se fait passer pour deux touristes apolitiques venus faire la fête, découvrant tout juste ce qu’il se passe ici. Mon frère en fait des caisses, lui pose des questions pour comprendre jusqu’où peut aller son déni de réalité.

Quand je pars à la douche (première du voyage !) Zach glisse en douce à mon frère que les occupants des dortoirs d’à côté sont des flics en civil, venus aider pour le rassemblement. Super, nous voilà dans la gueule du loup… On se planque dans notre chambre pour se reposer un peu et préparer la suite. L’après-midi on se balade dans le centre historique pour ensuite se taper l’incruste dans le défilé. La corruption et l’enfumage politique se ressentent partout, les organisateurs font tourner des formulaires pour adhérer au nouveau parti de soutien du président, ça joue du violon, de l’accordéon, et les enfants dansent en costume traditionnel. Le nombre de crânes rasés au mètre carré est affolant…

On souffle un peu en sortant de la foule, les facultés ne sont pas très loins et les étudiants bloquent les bâtiments depuis des mois. C’est par eux qu’est parti le mouvement de contestation, que les citoyens se sont auto-organisés et ont marché vers la capitale. Les médias à la botte du gouvernement ont beau raconter qu’ils sont payés par des « agents de l’étranger », la plupart des Serbes ne son t pas dupes et voient en eux l’innocence et la pureté d’une jeunesse prête à se battre pour mettre fin à ce régime illibéral.

Quelques étudiants sont en bas d’une des facs, on vient leur parler un peu, et on se quitte après de franches poignées de mains et quelques contacts échangés.

Il est 18h, retour à l’auberge pour une petite sieste, qui en fin de compte se transforme en une longue nuit.

Jour 5

On se réveille tout frais après 15h de dodo, on part se promener à Zemun, quartier bohème-arty à l’ouest de Belgrade, au bord du Danube. Après une heure de marche, on saute dans un bus pour speeder un peu. Mais 100m plus loin, la circulation est arrêtée. En penchant la tête dehors, on voit des gens et des banderoles au loin sur un carrefour. On rejoint le groupe à pied et on réalise où on se trouve.

Il est 11h52. Et tous les jours depuis l’accident du parvis de la gare de Novi Sad, les étudiants et citoyens se rassemblent dans les rues, bloquent la circulation et observent 15 minutes de silence, pour les 15 victimes. Pour nous deux qui venons d’arriver, ce moment est intense et pesant. Les gens sortent des voitures pour se recueillir, les policiers chuchotent, un drone survole la foule. Toutes les générations sont présentes, et les passants s’arrêtent en baissant la tête. Pas un bruit, pas un klaxon, juste le chant des oiseaux et le tic-tac des passages piétons.

Un sifflet sonne la fin du long quart d’heure. Un type au loin vient tout juste de crier des trucs, ça semble énerver les manifestants, qui se ruent vers lui pour l’encercler, lui mettre la pression, toujours sans violence, jusqu’à ce qu’il se fasse exfiltrer de la foule par des keufs. On suit le groupe pendant quelques minutes, jusqu’à un grand bâtiment. C’est la faculté d’agriculture, et devant, des chorales chantent, d’autres prononcent des discours ou présentent le programme de la semaine. On peut manger et boire à prix libre, on en profite pour discuter avec quelques étudiants, l’accueil est chaleureux et l’un d’eux, Alex, nous invite à entrer dans la fac.

Le bâtiment est immense, et étonnamment très bien entretenu pour un lieu bloqué depuis des mois, pas un sticker ou graffiti sur les murs. Quelques étudiants font la sécu à l’entrée, tout a l’air très bien organisé, un long couloir est transformé en garde-manger et cuisine gigantesques où les dons de nourriture et matériels affluent de tout le quartier. L’amphi est devenu une assemblée de démocratie directe où chaque décision est votée par les étudiants. Des salles de cours sont transformées en dortoirs où chaque étudiant peut avoir sa petite « chambre » derrière des paravents et des serviettes tendues. On remercie chaudement Alex de nous montrer tout ça, et on lui propose de revenir le lendemain, pour offrir des tatouages à celles et ceux qui le veulent, et potentiellement dormir sur place en échange. On échange nos numéros, et on sort continuer la promenade dans Zemun. Une heure plus tard, un message d’Alex : beaucoup d’étudiants sont chauds pour des tatouages, ils voteront bientôt pour savoir si on peut dormir sur place ou non. Ça sent bon cette histoire. Dans tous les cas, le rendez-vous est fixé pour le lendemain matin, vers 11h, avant le quart d’heure de silence.


Jour 6

On quitte l’auberge maudite pour rejoindre nos camarades étudiants dans leur faculté. Quel accueil, on nous guide jusqu’au dortoir des « guests », une salle de cour remplie de matelas, de couettes et d’oreillers trop moelleux. Ça va être le meilleur couchage de la semaine c’est certain.

Les tatouages sont prévus tout l’après-midi à partir de 14h, mais déjà quelques étudiants tout excités par l’évènement viennent nous tenir compagnie. Je n’ai aucune idée des motifs que je vais leur tatouer, et eux non plus, visiblement. Quelques idées sortent mais celle qui retient leur attention vient d’un de leur badge, une pomme pourrie avec des mouches autour et des mots écrits en serbe sur le fruit : « Pourri jusqu’au trognon », leur symbole de lutte contre la corruption. Je fais quelques croquis et une première étudiante se lance. C’est son premier tatouage, elle le veut sur l’intérieur du bras, discret et petit. Je m’exécute. Et c’est parti pour plusieurs heures de pique, sur une douzaine de volontaires, quasiment que des motifs de pommes pourries, avec ou sans mouches volantes, plus ou moins grosses, sur divers endroits du corps. Mon frère s’occupe de prendre des photos/vidéos et discute avec eux passionnément. À côté, ça écoute de la musique des années 2000, et ça sort des perles pour en faire des bracelets. On nous en offre un chacun.

Le moment est fort et marque pour eux cinq mois de blocage et d’action directe, le premier mouvement de contestation politique pour la plupart. Certains n’ont pas quitté l’enceinte de la fac depuis, et la plupart sont déterminés à aller jusqu’au bout, porter haut leurs revendications, faire abdiquer le pouvoir en place et rebâtir une société juste, libérée de l’autoritarisme. Ils sont forts du soutien de toute une population, et inspireront des générations de jeunes Serbes qui viendront après eux. Le soir même, une manif flash est organisée devant les locaux de la chaîne de télévision nationale, pour protester contre le traitement injuste et la diabolisation des manifestants dans les médias. On aurait bien participé, mais la journée était fatigante et on doit repartir tôt le lendemain. Une prochaine fois.

Jour 7

On quitte la fac d’agriculture tôt le matin pour reprendre le bus direction Zagreb en Croatie. Un peu trop confiants sur l’efficacité des transports publics serbes, on loupe notre bus d’une fucking minute après avoir tapé le sprint de nos vies. On passe une demi-heure à cracher nos poumons et on réserve nos places pour le suivant qui part quelques heures après. On arrive à Zagreb bien plus tard q ue prévu, court trajet en tram pour aller à l’extrémité de la ville et les pouces se lèvent de nouveau. Ça faisait longtemps. Après une heure de marche pour s’éloigner de la ville et se rapprocher de l’autoroute, une voiture s’arrête. C’est Matjaz, celui qui nous avait pris en stop quelques jours avant. Notre sauveur. Il rentrait chez lui mais décide de nous rapprocher un maximum en nous faisant passer la frontière pour nous déposer sur une station-service en Slovénie.

Il est déjà tard, les voitures sont rares et les gens pressés, on se pose sur la terrasse de l’aire d’autoroute. Mon frère rassemble des chaises pour s’en faire un banc, se glisse dans son duvet et tente de dormir un peu. Je n’arrive pas à fermer l’oeil, toute la nuit des bus scolaires déchargent leurs flots de collégiens serbo-croates qui s’installent autour de nous en hurlant partout. Je me connecte au wifi du café, la météo des prochains jours n’est pas bonne, il pleut sur tout le trajet retour. L’énergie n’est déjà plus la même qu’à l’aller, on est crevés. J’envisage tous les scénarios, mais la meilleure option est de prendre un bus de Ljubljana le lendemain à 11h pour rentrer sur Lyon ou Paris. 20h de trajet pour 50€ chacun. Honnête.


Jour 8

Le stop ne fonctionnant toujours pas, mon frère négocie avec le chauffeur d’un bus pour nous emmener jusqu’à Ljubljana, à une centaine de km. On réserve directement le trajet retour jusqu’en France, et en attendant, on visite le centre-ville. C’est mignon comme tout, on passe par le quartier autonome de Metelkova, un centre culturel et social squatté depuis 1993 et on y laisse des derniers autocollants.

Il est temps de rentrer. Le retour est long, mais quel confort de se laisser porter jusqu’à chez soi, et surtout me retrouver assis à côté de mon frère. On fait le débrief de notre semaine de vadrouille, on prévoit un futur road trip jusqu’à Athènes, on se promet de recroiser no s étudiants Serbes et on discute de mille projets à venir,… Mon frère vient de s’acheter un vieux camion Volkswagen et prévoit d’aménager tout l’intérieur pour vivre en nomade entre l’Ardèche et la Bretagne. C’est un nouveau départ pour lui, et la saison d’été est déjà toute anticipée, entre les vignes, le théâtre de rue, les rassemblements militants, les baignades, la famille et les amis.

Je passe la fin du trajet à l’admirer discrètement, mon frère, à observer son beau visage, son regard facétieux et ses beaux cheveux de punk rasés sur les côtés. Je ressens dans mon être une folle fierté d’avoir vécu autant d’aventures avec cet incroyable humain que je côtoie depuis sa naissance.



Le bus arrive bientôt en France, on aperçoit la ville d’Oulx au loin, on rigole de notre première nuit dans nos tentes en carton. Une tempête de neige nous surprend en traversant les Alpes, mais le bus continue son chemin malgré tous les camions que l’on croise paralysés en travers de la route.

Il est 3h du matin, on arrive à la gare routière de Lyon. C’est là que l’on se quitte tous les deux. Je le serre contre moi en lui murmurant que je l’aime plus que tout. En sortant il me fait un cœur avec les mains, et disparaît dans la nuit avec son sac à dos, pendant que le bus reprend sa route vers Paris.



C’était la dernière fois que je voyais mon frère. Il est décédé deux semaines plus tard près de Joyeuse, en Ardèche, en traversant une belle rivière agitée, à la recherche d’un coin de baignade ou d’un endroit où accrocher son hamac… Mon frère était libre comme l’eau et intense comme le feu. Je ressens encore son énergie dans l’écorce d’un arbre ou le chant d’un oiseau.