Dans un pays où un agresseur présumé est démasqué chaque semaine, où un procès hors norme suit un procès hors norme, où une femme meurt tous les 3 jours assassinée ou acculée au suicide par son compagnon ou ex-compagnon, peut on parler de progrès social, de liberté et d’égalité ?
Il y a plus d’un siècle, des femmes anarchistes nous le disaient déjà. Aux États-Unis d’Amérique Voltairine de Cleyre écrivait : « C’est un viol lorsqu’un homme s’impose sexuellement à une femme, qu’il en ait l’autorisation par le mariage ou non ». On sait aujourd’hui que l’image du violeur inconnu surgissant dans la nuit est quasiment un mythe et que les criminels sont la plupart du temps des proches voire très proches.
Capitalisme et culture du viol sont associés dans les mains des mâles dominants, aujourd’hui comme hier. Ou aujourd’hui plus qu’hier ? La destruction de l’environnement, la colonisation économique et l’élimination des femmes et des minorités de genre ne font qu’un seul et même objectif : accroître la domination.
L’articulation patriarcat-capitalisme explose en permanence une bombe de violences systémiques, pour réduire ses cibles, ses victimes, au silence, à la mort.
La lutte féministe doit y opposer un regard radicalement lucide et global et ne montrer pour l’un et l’autre aucune complaisance.
Pour une lutte féministe qui veut renverser cette société pourrie jusqu’à la moelle, où nous ne voulons être ni Présidente de la République, ni Cheffe d’entreprise, ni Générale, ni fantassine, ni servante de la classe qui se permet aujourd’hui de dépenser ce qu’elle vole chaque jour au travail de l’autre, ni écrasée par la misogynie dont font parfois preuve les femmes elles-mêmes !
La grève des femmes islandaises de 1975 a eu un impact déterminant sur l’égalité réelle dans ce pays et les femmes espagnoles ne reviendront pas en arrière de leur immense combat contre la culture du viol depuis le scandale de la Manada en 2016. L’arrivée de Donald Trump au pouvoir et son élimination immédiate des femmes et des minorités suscitera-t-elle une réaction à la hauteur du traumatisme ? Et nous, quel sera « notre » moment ?
En France, la fenêtre ouverte après 1968 s’est très vite refermée. Ne laissons pas l’internationale des masculinistes éteindre l’espoir suscité par #MeToo et ses précurseuses, le mouvement transnational #NiUnaMenos d’Amérique Latine, la grève féministe en Espagne, Femme Vie Liberté en Iran, etc. … ! Réaffirmons nos droits avec force, soyons solidaires des luttes internationales.
Hommes, une barricade n’a que deux côtés, ne soyez pas complices ! Luttez, vous aussi contre le patriarcat, le virilisme, le sexisme et les biais de genre dans vos rangs, vos familles, en vous-même et soyez nos alliés, car une société inégalitaire ne détruit pas que les femmes et les minorités de genre, mais iels en sont toujours les premières victimes !